Pour aller à Suresnes ou bien à Charenton
Tout le long de la Seine on passe sous les ponts
Pendant le jour, suivant son cours
Tout Paris en bateau défile
L’cœur plein d’entrain, ça va, ça vient
Mais l’soir lorsque tout dort tranquille…
Sous les ponts de Paris, lorsque descend la nuit
Toutes sortes de gueux se faufilent en cachette
Et sont heureux de trouver une couchette
Hôtel du courant d’air, où l’on ne paie pas cher
L’parfum et l’eau c’est pour rien mon marquis
Sous les ponts de Paris
A la sortie d’l’usine, Julot rencontre Nini
Ça va t’y la rouquine? C’est la fête aujourd’hui
Prends ce bouquet, quelques brins d’muguet
C’est peu mais c’est toute ma fortune
Viens avec moi, j’connais l’endroit
Où l’on n’craint même pas l’clair de lune
Sous les ponts de Paris, lorsque descend la nuit
Comme il n’a pas de quoi s’payer une chambrette
Un couple heureux vient s’aimer en cachette
Et les yeux dans les yeux faisant des rêves bleus
Julot partage les baisers de Nini
Sous les ponts de Paris
Rongée par la misère, chassée de son logis
L’on voit une pauvre mère avec ses trois petits
Sur leur chemin, sans feu ni pain
Ils subiront leur sort atroce
Bientôt la nuit, la maman dit:
«Enfin ils vont dormir mes gosses.»
Sous les ponts de Paris, lorsque descend la nuit
Viennent dormir là tout près de la Seine
Dans leur sommeil ils oublieront leur peine
Si l’on aidait un peu, tous les vrais miséreux
Plus de suicides ni de crimes dans la nuit
Sous les ponts de Paris